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naître au vicaire général Salgado, qui s’empressa d’en informer Boyer. Le Président donna l’ordre de l’y recevoir et de le traiter avec tous les égards et la haute considération dus à son rang. Le lendemain, il reçut le légat au palais, où celui-ci lui montra le bref du Saint-Père, daté de Rome le 15 mars 1833. Ce bref portrait : « qu’il était muni de tous les pouvoirs nécessaires et convenables pour traiter avec S.E. Boyer, Président de la République d’Haïti, de tout ce qui concerne la religion catholique et pourvoir à ses besoins, etc. »

Deux jours après, le Président désigna le secrétaire général Inginac et le sénateur B.Ardouin pour entrer en conférences avec le légat : ils étaient assistés du citoyen E. S. Villevaleix, comme secrétaire de cette commission qui ne commença ses opérations que le 28 janvier, en l’hôtel du secrétaire général.

Les vues du gouvernement étaient de procurer au pays un clergé national formé d’Haïtiens, conformément aux dispositions de la constitution ; et pour y parvenir, il voulait conclure avec la cour de Rome un concordat dont la France devait naturellement fournir le modèle, en celui de 1802, entre le Premier consul et Pie VII. Cet acte eût réglé les choses de manière à avoir un archevêque et trois évêques, pour le siège existant à Santo-Domingo et trois autres à ériger dans l’Ouest, le Sud et le Nord. Le Port-au-Prince était la capitale de la République, mais on visait alors à transférer ce titre à la ville Pétion, qu’on espérait de fonder convenablement pour en faire le siège du gouvernement. Boyer désirait donc que le siège archiépiscopal de Santo-Domingo fût transféré à Pétion[1]. L’archevêque aurait ad-

  1. Dès la réunion de l’Est, il avait vainement essayé de porter l’archevêque Pedro Valera à venir habiter le Port-au-Prince.