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commencement de cette 4e législature, quelques membres de la Chambre se sont mis constamment en travers ; ils voyaient avec un plaisir malin prêter des intentions perfides, odieuses et attentatoires au caractère du chef du pouvoir exécutif, sur tous les projets de lois qu’il a pu nous adresser[1]. Les auteurs de cette imputation calomnieuse ont poussé le ridicule et l’insulte jusqu’à dire, au milieu de nous, et même à répandre dans les papiers publics[2], qu’il voulait établir la monarchie en Haïti, se faire Dictateur, Roi, et tant d’autres absurdités que je me dispense de répéter ici. Les insensés ! ils feignent de vouloir la concorde et l’harmonie entre les pouvoirs, et chaque mot qui leur sort de la bouche prêche le désordre et la désunion !… Leurs vœux ne seront accomplis que quand ils auront précipité Haïti dans l’anarchie et dans tous les maux qui en sont inséparables. Voilà, législateurs, la coupable pensée que je vous signale, des représentans Hérard Dumesle et David Saint-Preux… Ne devriez-vous pas trembler de souffrir plus longtemps dans votre sein ces êtres turbulens qui creusent l’abîme où ils voudraient engloutir vous et la nation ? Ne voyez-vous pas que leurs efforts tendent à soulever le peuple sous le prétexte de l’éclairer[3] ?… Ne balançons donc pas à expulser de notre sein, par un décret, ces intrus… Je demande à ce qu’il plaise à M. le président de la Chambre, de vouloir bien mettre la question aux voix, après qu’il en aurait fait le résumé. »

La proposition fut livrée aux délibérations de l’assemblée. Aucun membre ne réclama la comparution des deux

  1. Allusion aux projets de loi électorale et de contrainte par corps, proposés en 1832, et retirés par le Président.
  2. Dans la Feuille du Commerce.
  3. Mais l’orateur ne provoquait que trop à cela, par la conclusion de son discours, par la décision qu’il fit prendre.