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à la nouvelle mode… C’est bien dommage que nous n’ayons pas un panthéon pour loger nos économistes après leur mort : ils y seraient en meilleure compagnie qu’à l’hôtel des fous… Je crois que nos économistes seraient aussi embarrassés de nous procurer des secours inopinés, qu’il leur est aisé actuellement de donner carrière à leur quinteuse imagination »

Ce langage n’était nullement parlementaire. Mais ce qui est étonnant, c’est que D. Saint-Preux et H. Dumesle auxquels il s’adressait, ne répondirent point à Milscent. Ce ne fut que dans la séance du 7 août que le premier proposa à la Chambre, d’appliquer les dispositions de l’art. 77 de la constitution contre tout représentant qui userait de « personalités » à l’égard de ses collègues dans une séance ; c’est-à-dire, la censure ou les arrêts. À quelle cause attribuer cette abstention de leur part ? C’est qu’ils voyaient que Milscent disposait d’une majorité dont ils redoutaient l’effervescence, si leurs paroles excitaient son irritation.

À la séance du 5 août, R. S. Rodriguez prononça un nouveau discours dont le but était de joindre à ses vœux précédemment exprimés, celui de voir ouvrir le port de Monte-Christ au commerce extérieur, afin d’y faire passer les produits de Saint-Yague, de la Véga, de Cotuy, etc., principalement le tabac ; et il appuyait sa proposition sur la possibilité de trouver une route plus facile pour le transport de ces denrées que par la voie de Puerto-Plate. La Chambre ne décida rien à ce sujet. À sa séance du 7, elle entendit la lecture du projet de loi « sur les patentes » pour 1834 ; à celle du 12, elle reforma son bureau en élisant Milscent, président, Phanor Dupin et Volpélière, secrétaires[1]

  1. Phanor Dupin, l’un des représentans du Nord et ancien officier de marine, n’etait pas orateur ; mais personnelle savait autant que lui discipliner une majorité dans la Chambre. Sous ce rapport, il était le bras droit de Milscent.