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présentant présentant des Côteaux, et par H. Dumesle qui parla aussi du budget. J. Depa réfuta leurs argumens[1].

Milscent reprit la parole et put facilement démontrer l’avantage que le nouveau projet allait procurer, d’abord aux contribuables, puis au fisc ; mais, étant d’un esprit sardonique, il se laissa emporter par le désir de battre en brèche les orateurs opposés à ce projet. Il fit ressortir leur « inconséquence, » en ce qu’ils se prétendaient être « des défenseurs du peuple, de leurs mandataires, » puisqu’ils voulaient le rejet de la loi destinée à diminuer leurs charges. Il alla plus loin.

« L’idée, dit-il, de laisser la caisse publique sans aliment durant un temps si considérable (en attendant le budget promis par le Sénat, qui le ferait en 1834 pour 1835), est vraiment digne de la doctrine incomparable de ceux qui prétendaient garder en otage les comptes du secrétaire d’Etat[2]… On prétend, parce qu’il existait à la caisse publique, au 31 décembre 1831, un peu plus de 1,082,000 gourdes (presque toutes en papier-monnaie), que nos finances sont dans une situation prospère… Quelle pauvreté ! quelle ridicule insinuation !… Mais l’erreur ne regarde pas de si près ; elle se plaît dans l’éblouissement d’un faux zèle. On s’enroue à crier que la section des finances propose la création d’un nouvel impôt ; c’est pousser loin l’absurdité… On devrait se faire un scrupule de substituer l’illusion à la réalité ; mais toutes les inductions paraissent bonnes, quand on agit moins par un défaut de discernement que par un système qui ne saurait se soutenir sans un peu d’illusion et de patelinage… Je préfère une intelligence depuis longtemps donnée aux hommes, à une diffusion costumée

  1. Bulletin des lois, n° 4.
  2. La Chambre déchargea M. Nau de la responsabilité attachée à sa gestion, en approuvant les comptes de 1832.