Page:Archives israelites 1851 tome12.djvu/532

Cette page n’a pas encore été corrigée

5QQ , · Ancntvns · quelques changements singuliers: mais je n‘ai pas le loisir de m’y arrêter. .I'arrive devant ma maison , la porte était ouverte! La porte ouverte et après minuit! ô fureur, ô transport! Plus de doute! C’est pour livrer passage à un amant! j’eutre; je tra- verse l’allée , je monte l’escalier; je parviens à la chambre à cou- cher de ma femme; j’eutre, je la vois couchée tranquillement dans son lit; je m’approche, j’entends sa respiration douce et calme. 0 bonheur! l’innocence seule peut dormir d’un tel som- meil ! Elle est pure, pure comme un ange, moi seule je suis cou- pable d’avoir osé la soupçonner. Je me précipite sur le lit, je la soulève dans mes bras, je la couvre de baisers brùlants... A l’ins· tant, la porte de la chambre voisine s’ouvre ; une troupe d’hommes armés, et quelques·uns d’entre eux portant des flambeaux, se pré- cipitent dans l’appartement; à leur tête est un homme d’une haute taille, transporté de fureur. Je te tiens donc, s’écrie-t-il, ravisseur de mon honneur, vil scélérat, tiens! tiens! et d’un seul coup il me terrassa. A la lueur des flambeaux, je reconnus que cett e femme n’était pas la mienne; je compris la fureur du mari outragé et ma mort inévitable; mais le ciel m’avait réservé un autre supplice. Au moment où cet homme furieux allait me percer de 'son glaive, un autre homme lui saisit le bras et Ventraînant, lui dit: Halte, Stanislas ! ne vois-tu pas que ce scélératest un israélite . L’épée d’un Jabloniski ne se souillera pas d’un sang aussi vil. Jette ce misérable à tes chiens; fais le mourir de faim ; fais de lui tout ce qu’il te plaira, mais toi-même tu ne dois pas le tuer. La jeune femme, qui jusqu’alors avait gardé le silence, éleva aussi la voix: 0 Stanislas , s’écria-t-elle, peux-tu penser que j’aime un israélite, moi issue de sang royal, moi l’épouse de Sta- nislas Jabloniski ! · Et elle accompagnaces mots d’un de ces regards artiticieux qui ne manquent jamais le but;. Stanislas ne résiste pas à ce charme puissant, et elle fut sauvée. ' Pour moi, j’attendis un premier moment de calme, puis je demandai la pe rmission d’expliquer ma présence dans cette chambre et mon crime apparent. Mais avant de poursuivre ma douloureuse narration, permettez- moi, vénérable Rabbi, de vous donner quelques explications préa- lables. . Lorsque je quittai la Pologne pour me rendre à Amsterdam, Henri d`Anjou, de la maison royale de France, occupait le trône des Jagellons; à la mort de Charles IX son frère, il renouça à la couronne étrangère, rentra en France, et la nation polonaise pro- céda à une nouvelle élection; je n’appris rien à Amsterdam de ces importants changements; j’étais entièrement préoccupé du