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xsnasrrrss. 517 conseil du brave soldat et furent assez heureux pour ne rencon- trer personne dans cette marche périlleuse. Le lendemain, samedi, le comité administratif de la commu- nauté composé de cinq membres était réuni chez le Grand·Rabbin. Le Parness les avait convoqués pour délibérer en commun dans cette grave occurence. Il raconta les événements de la nuiten ajoutant : Nous ne sommes pas encore hors de danger; tant que le ca- poral n’aura pas fait son rapport au Grand-Rabbin, le glaive de- meurera suspendu sur nos têtes. Gardons-nous bien de laisser rien transpirer de toute cette tragique histoire. ll s’agit pour nous de la vie et de la mort. Qu’on fasse venir, Rabbi Mordechai, ditle vénérable rabbin. Rabbi Mordechai arriva, et raconta Vévénement dans tous ses détails. Lorsqu`il eut fini, le rabbin lui dit d`un ton irrité: — Vous voulez passer pour un lamden (homme instruit); vous ètes un am-haretz (ignorant). Ne savez·vous donc pas qu’il faut travailler le samedi orsqu`il y a skanos ne/'oschos (mort d’bom¤ie â craindre? -— Sans doute, je le sais, mais je tiens aussi de mon père de sainte et heureuse mémoire, qu’avant de profaner le sabbath il faut recourir à tous les moyens permis. — - Eh bien, moi, votre rabbin, je vous dis que vous auriez dû faire vous-même de la lumière et du feu, et pour ne l`avoir pas fait vous avez appelé le malheur sur toute une communauté en Israël. Le Seigneur, béni soit-il, le détournera dans sa miséricorde in- tinie. Mais vous, Rabbi Mordechai, je vous mets dansle petitche- rem (petite excommunication) tant que cette cruelle aiïaire ne sera pas décidée. Rabbi Mordechai baisa respectueusement la main du sévère docteur et partit. Un mois s’était écoulé depuis les événements que nous venons de raconter et sur Pinvitation de son vénérable chef spirituel toute la communauté avait passée ce mois dans les prières et de fré- quents jeûnes ; un soir, retiré dans son modeste cabinet d’études, le Grand-Rabbin de Prague relisait pour la centième fois peut- être une de ces pages du Talmud, texte inépuisable de 'commen- taires plus ou moins subtils, lorsqu’on lui annonça la visite d’un soldat de la garnison. Il s’empressa d`ordonner qu’on le fit entrer. Le soldat se présenta. C`étaitun beau jeune homme d’une taille élancée, d’une figure à la fois martiale et prévenante; cependant â le bien regarder on ne tardait pas à remarquer dans ses traits Pempreinte d’une secrète et profonde souürance morale. Rabbi, dit-il d’une voix douce et respectueuse, je suis ce capo- ral qui, il y un mois, ai eu le bonheur de sauver votre commu-