Page:Archives israelites 1851 tome12.djvu/525

Cette page n’a pas encore été corrigée

` isn xELt1·ns . 51 5 dans la chambre même l.e silence n’était interrompu par inter- valle que par les gémissements de l`accouchée. Rabbi Mordechai s’était endormi sur son gros livre. Toutà coup la femme soulïranle jeta un cri perçant. Rabbi Mordechai se réveille effrayé, se lève en sursaut et en se levant renverse lc lampiou, la seule lumière dans la chambre. Grand Dieu l que venez·vous de faire, s’écria la sage·femme, il faut rallnmer le lampiou, et de suite; j’ai vu de mes propres yeux le pieux Rabbi Lôb faire du feu le samedi lorsque sa femme... — C`est bon, c’est bon, Miriam! dit le Rabbi, je sais fort bien qu’il est permis, et méme ordonné de faire toutes choses en cas de dangers imminents; mais je veux voir d’abord si je ne puis trouver quelque chrétien dans la rue qui aitla complaisance de venir rallumer notre lampe; si je n’en trouve pas, je reviens de suite et fais moi-même de la lumière, ainsi le prescrit la loi. Pa- tiente un moment, ma chère femme, je serai bientôt de retour. y A ces mots il jeta sur lui son manteau et descen`dit le sombre escalier. · Il faisait un temps affreux; la pluie tombait par torrents ; toutes les rues étaient désertes: pas moyen de découvrir trace d’homme. Rabbi Mordechai se disposait déjà à renoncer à d’inu— tiles recherches et à rentrer chez lui, lorsqu’il s’aperçut qu’il n’étaitpas loin du corps de garde impérial ; il ycourut en toute hâte et trouva le chef de poste se tenant fort tranquillement en pleine rue, sans se soucier de Forage et de la pluie et paraissant plongé dans de profondes réflexions. Mon cher monsieur, lui dit Rabbi Mordechai, d’une voix suppliante, donnez—moi un de vos soldats pour venir avec moi faire de la lumière dans ma chambre, ma femme est dans les maux, nous sommes dans les ténèbres, et c’est sabbath. —- Je puis vous rendre ce service, répondit le caporal; Wenzel va avec cet homme, fais-lui du feu et de la lumière et tout ce qu’il te dira; il te payera de ta peine dimanche. —- Merci, ô mille fois merci, monsieur, dit Rabbi Mordechai, que Dieu vous en récompense. Vous faites une bonne œuvre. A peine Rabbi Mordechai fut·il rentré chez lui avec le soldat que sa femme accoucha d’un gros et beau garçon. Rabbi Mordechai tomba sur ses genoux et remercia Dieu d u . plus profond de son âme. Maintenant, dit-il au soldat, allume aussi une chandelle pour t’éclairer surl’escalier, car ily fait fortsombre et je ne puis quitter ma femme ; dimanche je te payer ai. Le soldat partit. — Un quart d’heure plus tard la sage-femme voulut chercher un médicament à la pharmacie, mais elle eut à peine quitté la chambre qu’elle rentra tremblante et couverte d’une pâleurmor- .