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les fonctions avec beaucoup de chaleur et de succès, au point qu’on accusa le prince d’avoir pour les juifs une affection particulière : Agobard se représente partout comme un homme persécuté par la cabale des juifs, tout-puissants à Lyon, et accablé par le crédit de leur maitre.

Il ne paraît donc pas que leur condition fût fort dférente de celle des autres Romains en France. On voit seulement que la taxe des négociants juifs était plus forte que celle des chrétiens, et qu"ils n`avaient point d’action contre la personne de ceux-ci.

Ils étaient fort répandus en Bourgogne, et il y a peu de villes où il n’y ait une rue des Juifs. On en trouve méme à Châtillons, Witteaux, Nuits, Arnay, Saulieu. Baigneux-les-Juifs prit son surnom d’une synagogue élevée en ce bourg. Ils occupaient deux rues à Dijon, ayant une synagogue et une école. Eudes III céda les juifs à la ville en 1196 , et Hugues IV les déclara membres de la commune. Leur cimetière était en la rue du grand hotel, et fut donné par le duc Eudes IV, en 1338, â l’abbé de la Bussière, qui y construisit un hôtel dont un treige conserve le nom de la Bussière. Quand on leur eut ôté ce cimetière , ils enterrèrent leurs morts auprès des baraques de Jéverey; il n’y a pas un juif qui en passant n’aille faire sa prière en ce lieu, à cent pas à l’est du grand chemin.

Établis à Mâcon dès le IXe siècle, ils occupaient le terrain du monastère de saint-Étienne, ruiné et incendié par Lothaire ; on y voyait encore au xvne siècle, quelques tombes de juifs avec des inscriptions hébraïques ; et au lieu du requiescat in pace des chrétiens on lisait ces paroles latines gravées en hébreu : Fasciculus ejus myrrhœ habeat. Un juif de Mâcon nommé Jocesinus, s'étant emparé en 1230 des prieurés de l’Ene et de Saint—Romain dépendants de l’abbaye de Turnus, s’y fortifia, ravages les églises de Mâcon, Tournus, Cluny, et répandit de toutes parts la terreur de son nom. Mais saint Louis, ayant acheté le comté de Mâcon en 1208, rétablit l’ordre et mit fin à ces vexations.

Les juifs payaient des capitations énormes. Lorsqu’un d’eux voulait se faire chrétien, il devait n on-seulement indemniser son seigneur; c`était une âme dérobée aux enfers, mais encore la rembourser aux morts. Tel était l'esprit fiscal qui régnait alors, dit