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tout Le merveilleux et le mystère, ils en sont amou- reux ; la morale et le devoir, c’est le bon sens, ils l’aspirent par tous les pores. Mais nous, hommes raisonnables, esprits virils et murs ; nous, race vieillie et bercée dans une foi si antipathique à la vôtre, quelle prise auriez-vou s surnous? à quel chapitre de votre catéohkme rendrions-nous les armes ! A vos mystères ? Un mystère est snpérieur a la raison, il ne se démontre pas. De plus, vos mystères sont la négation des nôtres, nous les repoussnns à priori. Votre morale ? mais c’est la notre! mais c’est Moise et le Talmud ! mais ces notions éternelles du juste et de l’injuste, de la solidarité humaine, de la rétribution future, nous les avons reçues comme vous et avant vous ! La morale est une, le dogme est multiple, et c’est le dogme seul qui differencie nos religions.

M. P., à la vérité, se tlatte d’avoir démontré quelques-ms de ces mystères de la religion chrétienne; prétention impossible et dangereuse, renouvelée de Chateaubriand; débauche et hérésie de l’esprit, condamnée avec tant de raison par Jésus lorsqu’il s‘écriait: Beàti pauperes spirùu (1) ! Ces verbeuses démonstrations de la Trinité, de l’Incarnation, de la Présence réelle, etc., en admettant qu’elles eussent quelque valeur, réussiraient tout au plus, non à les prouver, mais à eu atténuer l’étrangeté. Or, à quoi bon, et qui espérez-vous convaincre ? Le vrai chrétien n’a pas besoin de preuves, la foi est essentiellement naïve et enthousiaste, elle admet sans examen ; le philosophe et l’israélite croiront toujours, en dépit de votre argumentation, que trois sont trois et ne sont pas un, que Dieu est Dieu et n’est pas homme, que Dieu ne mange ni ne boit, et qu’encore moins peut-on le boire et le manger ; ils le croiront, le premier par raison, l’autre par raison et par religion.

Dieu, dites·vous, est tout-puissant! —— Sans contredit.

Sa puissance n’a donc pas de limites ! ···- Pardon: elle a pour limite sa volonté, et sa volonté a pour limites la justice et la sagesse. Dieu ne peut donc être injuste; il ne peut être imparfait, borné, ignorant, faillible ; il ne peut étre matériel et mor-

(1) Matth. v, 3.