xsntuus. 095 raissent le respecter, est, pour cela méme, l'homme qu’on choi- sit pour toutes les missions difficiles ou périllenses qui exigent du sang·froid et une certaine force d`âme. ' C’est lui qui recueille le dernier soupir des agonisants et leur ferme les yeux. ('1`estlui qui, dans la maison mortuaire, seul, au fond d‘une chambre écartée, passe la nuit avec le cadavre, à la lueur vacil- lante d'une veilleuse funèbre. C‘est lui encore qui, le soir du Kippour, après que la foule émue s‘est écoulée dela synagogue qui ne doit pas rester vide, y demeure jusqu`au malin assis sur l‘estrade sacrée, une Bible à la main et revêtu de son linceul, sans s’ell’rayer des crépitations si- nistres de la lampe éternelle suspendue devant l’arche sainte, ni des bruits insolites qui se font entendre vers minuit, quand, sortant de leurs tombes et enveioppés dans leurs suaires, les morts vien- nent à leur tour adresser leurs prières au Dieu d’lsraël. Tel est le personnage du bedeau. Aujourd‘hui il était dans la part_ie gaie de ses attributions, il riait et buvait; quelques jours après peut·étre, je devais le voir clouer un cercueil. Lafin du repas fut un peu précipitée,je dirai même troublée; un messager de mauvais augure était venu annoncer à la mère de la fiancée que son fils s’était trouvé mal, très-mal, pendant sa courte absence; c‘était la deuxième fois dans la journée. La pan- vre mère, qui n’était restée là que parce qu'elle ne pouvait faire autrement, s`enfuit hors d'elle-même et entralna sur ses pas presque toute la famille et un grand nombre des convives. Pour- tant, les anciens et les vrais bout-en-train demeurèrent: ils ne pensaient pas qu’on pût, sans blesser les usages etles traditions, lever soudain une séance que consacraient à la fois la religion et l le plaisir. On plaignait les parents si cruellement éprouvés au milieu d'une fête de famille, on fit des vœux, sans oser espérer qu’ils seraient exaucés, pour la guérison du malade, et la conver- sation continua comme entre $6718 échauffés par nn diner copieux et des libations fréquentes; et je fus assez léger pour faire comme les autres, stimulé et surveillé que j‘étais par mon impitoyable v0.stn. Digitized ny Google
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