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plus épaisses présentent des groupements en forme caractéristique de clous dont la dislocation se fait en éventail où l’on observe le point de jonction de 2 colonies à leur base par un stipe gélifié triangulaire. Enfin les coupes au micro tome montrent la régularité de la disposition cellulaire en une série de compartiments gléocapsoïdes entourés d’une gelée plus dense et d’un liséré corné. Ces différentes observations prouvent donc bien que l’on est en présence de thalles dont les cellules sécrétaient une gelée stratifiée d’autant plus abondante qu’elles étaient plus âgées. Dans certaines coupes, la transformation est très avancée et la matière végétale paraît avoir subi une influence bactérienne.

Le caractère botanique de la Gleocapsomorpha prisca ne permet pas de l’assimiler à une forme actuelle : Zalessky l’a attribuée aux Cyanophycées, ce qui ne me paraît pas acceptable, car il lui manque la structure massive caractéristique. Botryococcus est, de toutes les algues actuelles, celle qui ressemble le plus à Gleocapsomorpha, mais chez cette dernière, il y a persistance des cellules centrales, tandis que les périphériques sont encore en activité. La comparaison avec les algues carbonifériennes de Renault et Bertrand (Pila bibractensis et Reinschia uustralis) n’est pas plus heureuse, car ces algues ont une structure cellulaire en forme de sac avec les pointes tournées en dehors, et la ressemblance extérieure frappante dans certaines sections, est due plutôt à un phénomène de convergence qu’à une analogie de structure. D’autre part, la répartition des cellules dans un collagène et l’absence de zoospores tend à rapprocher l’algue ordovicienne en question des Rhodophycées. Pour ces raisons, et sur la proposition du professeur R. Chodat, j’attribue la Gleocapsomorpha prisca Zalessky à une classe spéciale qui portera le nom de Protophycées pour désigner l’ancienneté et le rapport qui lie cette classe aux Rhodo- et Cyanophycées. Les Protophycées sont donc caractérisées par la ramification pseudodichotomique de filaments courts, produisant dans leurs ramifications ultérieures des cellules groupées à la façon de spores et se multipliant essentiellement par prolifération et détachement de bourgeons migrateurs.

La floraison d’algues pendant l’Ordovicien n’est pas limitée