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CELTES ET LANGUES CELTIQUES.

Gaulois contre Rome, surtout la dernière de ces guerres terribles, sans comprendre qu’il coule dans nos veines plus de sang gaulois que de sang romain ; aussi n’y a-t-il pas un coin de la France où l’archéologie celtique ne soit en honneur, et où on ne la considère comme un des aspects les plus importants de notre histoire. On forme des collections de monnaies, de poteries, de bijoux celtiques : on tire du sol de nos cimetières antiques et on fait apparaître au jour les ossements des guerriers gaulois avec leurs grandes épées, leurs colliers d’or et les débris de ces chars sur lesquels ils ont parcouru l’Europe, portant d’abord avec eux pendant des siècles les joies de la victoire, puis enfin ramenant tristement de ce côté-ci du Rhin la défaite et ses amertumes.

Le moment est venu d’étudier la langue de ces guerriers longtemps redoutés dont les tombeaux nous ont livré les armes et les viriles parures. Il ne faut pas seulement chercher les formes matérielles de leur civilisation dont les monument figurés ont été classés avec tant d’ordre par M. Alexandre Bertrand sous les voûtes splendides du musée de Saint-Germain.

Il faut pénétrer leur pensée même, lire leur parole mutilée, tantôt sur les débris antiques où une main contemporaine l’a inscrite, tantôt dans les manuscrits du moyen âge où la tradition l’a fait parvenir en la mêlant à divers éléments plus modernes dont il est nécessaire de la séparer. Des étrangers,