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dence de se baigner, venait d’être mangé par un requin de la grande espèce.

Ce départ subit arrangeait grand-oncle, et, d’un autre côté, le contrariait.

Vous allez comprendre : grand-oncle était content de quitter l’île où le temps lui paraissait long ; de plus il espérait bien un jour ou l’autre échapper aux pirates et revoir la Cannebière. Mais ce qui le chagrinait un peu, c’est que surpris, ficelé, embarqué sans avoir le temps de dire ouf ! il laissait dans l’île des trésors inestimables.

— Des trésors, Casoar ?

— Des trésors, parfaitement ! L’île, je vous l’ai dit, n’étant pas précisément très fertile, grand-oncle se trouvait réduit à faire sa nourriture exclusive de grosses huîtres assez fades qu’il arrachait dans les récifs, et, les jours gras, d’une sorte de pie rouge et bleue dont il réussissait parfois à abattre quelques spécimens d’un coup de pierre, au sommet des arbres.

Or, un matin qu’il mangeait ses huîtres, grand-oncle faillit se casser une dent sur un