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sauvages où tout le monde parle anglais ! Et fourbu, accablé d’ennuis, il songeait avec mélancolie que l’oncle Sambuq, pour arranger les choses, aurait bien fait d’aller mourir ailleurs.

Tout à coup, qui aperçoit-il ? Un des Américains du paquebot. Oh ! c’est bien lui, quoiqu’il ait changé de vêtements et qu’il se soit fait couper les cheveux et la barbe. — « Monsieur ! monsieur !... » L’autre entend et file. Mais cette fois il n’échappera pas. Patron Tréfume s’accroche à lui comme à une suprême espérance. L’Américain a les jambes longues, mais Tréfume les a solides. — « Eh quoi ! ce gaillard-là, qui connaît New-York comme sa poche, ne me rendrait pas le service de me dire où il faut aller ?... » L’Américain a beau fuir, raser les murs, contourner les angles des rues, Patron Tréfume, courant toujours, ne se laisse pas distancer d’une semelle.

Enfin, harassé, n’en pouvant plus, l’homme se réfugie dans un bar. Patron Tréfume l’a suivi : — « Bien le bonjour, pardon excuse, ce serait pour savoir si par hasard... »