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l’autre jambe en essayant d’assommer les alouettes !...

Je fis semblant de rire ; mais ce n’est pas aux alouettes que je songeais.

Tout se passa, monsieur, et de point en point comme je l’avais décidé. Je prends mon fusil ; je feins de partir pour la chasse, disant que, si le gibier donne, je coucherai chez un ami, au prochain village. Ma femme et Bériquet, brave Bériquet ! m’accompagnent jusqu’à la porte : — Surtout sois prudent, ne te fatigue pas à marcher trop vite... C’est cela ; comptez là-dessus que je ne marcherai pas trop vite ! Malgré ma jambe assez malade, avec mon fusil sur l’épaule, je filais droit comme l’éclair. Quelle émotion, monsieur, quand les gens me virent ainsi traverser la ville. On me montrait, on murmurait : — Il paraît que ce sera pour six heures... et des commerçants mirent les volets à leur boutique dans l’impatience de l’événement.

Pour six heures ! je n’eus pas le courage d’attendre jusque-là. Pour six heures ? Non,