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CONTES DE PARIS ET DE PROVENCE

encore un fragment de terre soulevée ; puis la graine sèche tomba, les deux feuilles découpées en cœur se déplièrent, et bientôt, du Lubéron à la Durance, toute la plaine verdoya.

Seul, le champ de Pitalugue ne bougeait point,

— Pitalugue, que font tes haricots ?

Et Pitalugue répondait :

— Ils travaillent sous terre.

Cependant les haricots de Pertuis s’étant mis à filer, il fallut des soutiens pour leurs tiges fragiles. De tous côtés, les paysans, serpette en main, coupaient des roseaux. Pitalugue coupa des roseaux comme tout le monde. Il en nettoya les nœuds, puis les disposa en faisceau, quatre par quatre et le sommet noué d’un brin de jonc, de façon à ménager aux haricots, qui bientôt grimperaient dessus, ce qu’il faut d’air et de lumière.

Au bout de la seconde quinzaine, les haricots de Pertuis avaient grimpé, et la plaine, du Lubéron à la Durance, se trouva couverte d’une infinité de petits pavillons verts.

Seuls, les haricots de Pitalugue ne grimpèrent point. Le champ demeura rouge et sec, attristé encore qu’il était par ses alignements de roseaux jaunes.

La Zoun dit :

— Il me semble, Pitalugue, que nos haricots sont en retard.

— C’est l’espèce, répondit Pitalugue.

Mais, lorsque du Lubéron à la Durance, sur tous les haricots de la plaine, pointèrent des milliers de fleurettes blanches ; lorsque ces fleurs se furent