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Mais Mme Hubertine Auclert est une persévérante. Elle adressa à nouveau la même proposition à l’Assemblée départementale en 1907, et, cette fois, elle réussit. Le vœu, après avoir été renvoyé à la Commission compétente, fut rapporté favorablement par M. d’Aulan à la séance du 21 novembre 1907.


J’estime que les femmes qui gèrent des intérêts de propriété, d’industrie ou de commerce, dit le rapporteur, ont droit à donner leur opinion sur la façon dont nous gérons Les intérêts de la Ville ou du Département…

Aussi, au nom de votre Quatrième Commission, ai-je l’honneur de vous proposer de voter le vœu suivant :

Le Conseil général,

Émet le vœu :

Que les femmes soient appelées à jouir du droit électoral pour les élections au Conseil général et au Conseil municipal.


Ce vœu fut aussitôt adopté sans discussion.


Une candidature féminine. — Dans diverses circonstances, des candidatures féminines avaient été posées à Paris ; mais, alors qu’elles avaient à grand’peine réuni une centaine de voix, c’est près de mille électeurs qui, au mois de mai 1908, accordaient leurs suffrages à une candidate dans le 9e arrondissement de Paris (quartier Saint-Georges).

Les esprits pessimistes ou malveillants essayèrent de dénaturer cette importante manifestation de l’opinion. Les uns parlèrent de plaisanterie ; les autres ne virent qu’une preuve de mécontentement envers le conseiller sortant. Les premiers faisaient injure au corps électoral, les autres n’avaient point réfléchi. Les mécontents avaient l’occasion, s’ils le voulaient, de manifester doublement : en mettant dans l’urne un bulletin blanc, ils se montraient à la fois adversaires du conseiller sortant et adversaires du féminisme. Si les électeurs n’ont point agi de cette façon, c’est que telle n’était pas leur pensée.

En réalité, nous avons eu là une très brillante victoire féministe.


Pétition du conseil national des femmes. — Au mois de mai 1907, le Conseil national des femmes françaises a fait circuler des listes de pétition dont voici le texte :


Le Conseil national des femmes françaises qui compte actuellement 73 000 membres et dont Le but est l’amélioration du sort de la femme, au triple point de vue économique, social et politique, a protesté à plusieurs reprises, contre l’exclusion des femmes des listes électorales.

La femme responsable, comme l’homme, de ses actes envers la Société, doit avoir, comme lui, le droit de lutter pour ses opinions dans la vie publique ainsi que dans la vie privée.

Justiciable, comme l’homme, des lois de son pays, elle doit avoir, comme lui, le droit de les discuter.

Contribuable, comme l’homme, elle ne peut, sans injustice, être privée plus longtemps de tout pouvoir de contrôle sur les finances de l’État.

Épouse et mère, elle doit légitimement être mise à même de préparer le meilleur avenir possible à sa descendance.

Pour ces raisons :