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À SA MARRAINE

mises en valeur. Il y a une imagination charmante et beaucoup de sentiment. Le roman de mademoiselle de l’Espine est exquis, les personnages historiques sont bien dépeints et que les livres du pauvre M., si pédants et si peu dépouillés du fatras et du mauvais style qui les rend burlesques, tombent au prix du vôtre. Réellement, depuis longtemps aucun livre ne m’avait donné tant de plaisir, c’est un des meilleurs romans de reconstitution qui soit et le meilleur qu’une femme ait écrit. C’est exquis, il y a là du goût, de l’érudition, du raffinement, de la vie, de la force et de l’art, en un mot, et de la meilleure qualité, vous grandirez beaucoup en votre art. La fin est très belle. Les personnages sont merveilleusement campés. Votre maître Tallemant qui n’avait pas votre poésie serait content s’il le pouvait lire. Je place « l’Histoire de la Maison de l’Espine » à côté du « Salammbô », de l’« Aphrodite », de la « Nichina » d’Hugues Rebell et d’« Hassan le janissaire » de Léon Cahun.

Exquise amie, vous avez eu raison de m’envoyer ces précieuses épreuves, ô précieuse consommée, je les ferai relier après la guerre, mais comme vous êtes loin des préjugés et que vous les compre-