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LE POÈTE ASSASSINÉ

chœur des mangeurs

Tas de goulus
Il n’y a plus
Une miette
Dans l’assiette

buveurs

Trognes vermeilles
Buvons buvons
Le jus des treilles

r.d..rd k.pl.ng, l’acteur, l’actrice, les auteurs
Aux spectateurs

Paye ! Paye ! Paye ! Paye ! Paye ! Paye ! Paye !

le prédicateur

Le Théâtre, mes chers frères, est une école de scandale, c’est un lieu de perdition pour les âmes et pour les corps. Au témoignage des machinistes tout est truqué dans un théâtre. Des sorcières plus vieilles que Morgane y arrivent à se faire passer pour des fillettes de quinze ans.

Que de sang versé dans un mélodrame ! Je le dis en vérité, bien qu’il soit postiche, ce sang retombera par tiers sur la tête des enfants des auteurs, des acteurs, des directeurs, des spectateurs, jusqu’à la septième génération. Ne mater suam, disaient autrefois les jeunes filles à leurs mères.