morte, verticale et au fond de laquelle une fausse vie animait ce qui n’existe pas. Ainsi, en face de l’Art, il y a son apparence, dont les hommes ne se défient point et qui les abaisse lorsque l’Art les avait élevés. Croniamantal se courba en restant assis et appuyant les avant-bras sur les genoux, il détourna les yeux de la peinture pour les porter sur une pancarte jetée à terre et sur laquelle était tracé au pinceau l’avertissement suivant :
Il lut et relut cette phrase tandis que l’oiseau du Bénin regardait son tableau en remuant la tête, en se reculant, en se rapprochant. Ensuite il se tourna vers Croniamantal et lui dit :
— J’ai vu ta femme hier soir.
— Qui est-ce ? demanda Croniamantal.
— Je ne sais pas, je l’ai vue mais je ne la connais pas, c’est une vraie jeune fille, comme tu les aimes. Elle a le visage sombre et enfantin de celles qui sont destinées à faire souffrir. Et parmi sa grâce aux mains qui se redressent pour repousser, elle manque de cette noblesse que les poètes ne pourraient pas aimer car elle les empêcherait de pâtir. J’ai vu ta femme, te dis-je. Elle est la laideur