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LE POÈTE ASSASSINÉ

me remerciez pas, laissez donc ma main tranquille. Comme elle embrasse bien, l’arrogantine, hein ! oui ! Venez encore ici, je veux que vous emportiez un souvenir de moi.

« Là ! une chaîne, avec la médaille de la sainte maison de Lorette. Allons, que je vous la passe autour du cou, je veux dire… Ah ! c’est du français, nous pouvons pas le prononcer. Vous ne savez pas l’italien. Nous disons toujours ou, en français vous dites u, c’est très fatigant… Maintenant que vous avez la médaille, vous allez me promettre de ne jamais la quitter. Bien, bien, bien ! Venez que je vous baise au front. Là ! allons ! est-ce qu’elle a peur de moi l’arrogantine ? C’est fait ! Dites-moi ce qui vous fait rire ?… Rien ! Et alors ! Un conseil ! Quand vous irez au Vatican, je vous recommande de ne pas mettre tant de puanteur, je veux dire tant d’odeur sur vous. Au revoir, arrogantine. Revenez me voir. Mes compliments au monsieur baron. »

C’est ainsi que, grâce au cardinal Ricottino qui avait été nonce à Paris, Macarée obtint une audience du pape.

Elle se rendit au Vatican, vêtue de sa belle