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Les mouches ganiques qui sont
Les divinités de la neige.


Toutes n’apparaissent pas sous la forme de flocons, mais beaucoup ont été apprivoisées par les sorciers finnois ou lapons et elles leur obéissent. Les magiciens se les transmettent de père en fils et les gardent enfermées dans une boîte où elles se tiennent invisibles, prêtes à s’envoler en essaim pour tourmenter les voleurs, tout en chantant les paroles magiques, ainsi qu’elles-mêmes immortelles.


Voici la fine sauterelle,
La nourriture de saint Jean.


« Et erat Joannes vestitus bilis cameli, et zona pellicea, circa lumbos ejus, et locustas, et mel silvestre edebat. » S. Marc. I, 6.


LA femelle de l’alcyon,
L’Amour, les volantes Sirènes,
Savent de mortelles chansons
Dangereuses et inhumaines.


Les navigateurs, entendant chanter la femelle de l’alcyon, s’apprêtaient à mourir, sauf toutefois vers la mi-décembre, où ces oiseaux font leurs nids, et l’on pensait qu’alors la mer était calme. Quant à l’Amour et quant aux Sirènes, ces oiseaux merveilleux chantent si harmonieusement que la vie même de celui qui les écoute n’est pas un prix trop élevé pour payer une telle musique.


Ce chérubin.


On distingue parmi les hiérarchies célestes, vouées au service et à la gloire de la divinité, des êtres aux formes inconnues et de la plus surprenante beauté. Les chérubins sont des bœufs ailés, mais aucunement monstrueux.