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de Gleizes, de Metzinger, de Juan Gris, de Survage, et qui va devenir plus violente encore qu’elle ne le fut jamais. Les philosophes ont rempli, paraît-il, en vue de combattre l’art moderne, tout « un arsenal de sophismes », comme disait mon ancien ami Delormel. Mais que peuvent les philosophes contre les formes et la matière qui sont les objets et les sujets des meilleurs d’entre les peintres d’aujourd’hui ? Que la peinture nouvelle soit différente de celle d’hier, c’est évident ; qu’elle ne s’accorde pas avec la tradition du grand art, c’est une chose que je défie à quiconque de démontrer. Et que cela fasse courir à l’art le moindre danger, je n’en crois rien. Les études éclatantes, surprenantes et sévères des nouveaux peintres sont profondément réalistes. Cet art n’éloigne pas de l’étude de la nature ceux qui s’y livrent si préoccupés de fixer, de combiner toutes les possibilités esthétiques.

Excès de nouveauté ? Qui sait ? Je le répète, elle n’est pas dangereuse pour l’art, mais seulement pour les artistes