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Aujourd’hui Paris me sollicite. Voici le Montparnasse qui est devenu pour les peintres et les poètes ce que Montmartre était, il y a quinze ans, l’asile de leur simplicité.

Le quartier Montparnasse, du témoignage de l’habitant des quartiers environnants, est un quartier de louftingues. La vérité est que Montparnasse remplace Montmartre, le Montmartre d’autrefois, celui des artistes, des chansonniers, des moulins, des cabarets, voire même des haschischophages, des premiers opiomanes, des sempiternels éthéromanes et des cocaïnomanes ou visionnaires, comme on les appelle aujourd’hui où la « coco » sévit encore ; tous ceux (parmi les Montmartrois du grand art) qui vivaient encore et que la noce expulsait du vieux Montmartre détruit par les propriétaires et les architectes, conspué par les futuristes parisiens, ou, d’ailleurs, tous ceux-là ont émigré sous forme de cubistes, de Peaux-Rouges, de poètes orphiques. Ils ont troublé des