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femme s’exercerait fort bien et avec profit pour l’humanité si la femme s’adonnait désormais ouvertement à la polyandrie et elle prit cinq amants, ce qui, en comptant Nicolas Varinoff, lui en faisait six, qu’elle considérait presque comme des esclaves. Elle élut un clown piémontais dont la robe multicolore et le maquillage l’enchantaient, un étudiant en médecine qui se destinait aux lettres, un mutilé des deux bras qui lui parlait brutalement et l’adorait, un aviateur de l’arrière nommé Pentelemon. Il appartenait au contingent de Ruritanie. Elle l’avait choisi à cause de son nom qui lui rappelait celui de la Pentelemonskaia, la rue où Elvire avait habité à Pétrograde, un tourneur d’obus, qui était un gas de ch’Nord et savait de belles chansons.

Elle travailla avec une ardeur inimaginable ayant à cœur de ne pas être à charge à un homme et, le succès aidant, elle gagna bien sa vie.

Elle jouait en reine de la puissance que la guerre lui avait donnée. Mais aucun