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Elle prédisait l’avenir depuis la guerre, étant la veuve d’un professeur de mathématiques qui l’avait laissée sans ressources.

Pour se distinguer des autres extralucides, elle avait inventé d’interroger le Bienheureux Jean-Baptiste Vianney, curé d’Ars, ou encore le mage Papus, de son vrai nom le docteur Encausse qui venait de mourir. Ces oracles lui répondaient de façon satisfaisante, au dire de sa clientèle.

Il ne venait pas d’hommes chez elle où les femmes seules étaient admises. Elle ne faisait aucune réclame dans les journaux et ne recrutait ses clientes que par relations.

Le taux de la consultation était de cinq francs, payables d’avance, et celles que, parmi ses clientes, elle jugeait le plus discrètes, pouvaient, moyennant vingt francs, recourir à ce qu’elle appelait « la grande interrogation de guerre », qui consistait à répandre sur une assiette la poudre contenue dans une douille de car-