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Et la jolie princesse Lydie jeta la branche de laurier au vent qui soufflait vers l’ouest.

Et le vent emporta la branche aromatique sur une route où passait un officier blessé qui, après guérison, se rendait à une gare pour regagner le front.

Il vit tomber la branche à ses pieds :

« Une branche de laurier, se dit-il, c’est de bon augure. »

Il la ramassa aussitôt et la piqua allègrement à sa casquette.

Le laurier était en effet un excellent présage car, dès son arrivée au front, l’officier eut à mener ses hommes à l’assaut d’un retranchement, d’où il ramena un grand nombre de prisonniers et du matériel de guerre, ce qui lui valut d’être décoré et promu à un grade supérieur.

Mais pendant l’assaut, le vent qui soufflait fort avait emporté la branche de laurier au delà des lignes allemandes et, comme un oiseau blessé, elle s’abattit sur les genoux d’un journaliste américain qui,