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Je laisse de côté les pratiques religieuses dont le caractère sacré est au-dessus du but que je me suis proposé ici et qui, méritant un respect particulier, ne doivent pas être confondues avec les petites superstitions qui sont nées de la guerre, comme celles qui s’attachent à l’or monnayé.

Le front a donné pas mal d’or au gouvernement, mais je crois qu’il en possède encore beaucoup. Cela vient de la croyance superstitieuse que les Allemands soignent mieux les prisonniers blessés quand ils ont des pièces de vingt ou de dix francs. En quoi l’on se trompe, car les Boches font sans doute main basse sur l’or que peuvent posséder les prisonniers français ; mais pour ce qui est de les mieux traiter que les autres, c’est sans doute absolument faux.

D’autre part, c’est une croyance très répandue parmi les canonniers (aussi bien les servants que les conducteurs) que les Boches châtrent les artilleurs qui n’ont pas au moins une pièce d’or pour se racheter.