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dans un trou où je m’enlisais jusqu’aux cartouchières.

« Et cette marche dans le boyau était coupée par le « Faites passer que ça ne suit pas ». Puis, tandis que l’on attendait, appuyé contre les parois suintantes, que les égarés eussent rejoint, je faisais signe à l’autobus de s’arrêter pour me prendre ; mais lui, lourdement, allait toujours plus vite, sans dépasser la colonne des biffins arrêtés sous terre et le regard des voyageurs devenait plus morne, tandis que dans le boyau une corvée de soupe ayant passé avant nous et un faux pas ayant fait se renverser des marmites de campement, les macaronis présentaient les armes sur un tas de glaise. »

En effet, trois jours après, ce caporal mourut très bravement en allant couper des fils de fer. Il fut tué par une torpille qui éclata avec un bruit d’engloutissement.

Un autre soldat ayant un jour rêvé d’un autobus, un sergent, né malin, s’efforça de changer le caractère de ce songe. Il y réussit et le soldat vient de passer caporal.