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gardien pour empêcher les sabotages d’une part et, de l’autre, tout travail intempestif aussi bien qu’inusité.

« Et une vie délicieuse commença pour l’homme et pour le cheval qui prenait de l’embonpoint, tandis que Roudiol fumait la pipe tout le jour en surveillant l’arrivée des voyageurs.

« Puis, ce furent les beaux jours. Mme Roudiol vint tenir compagnie à son mari qu’elle quitta vers le milieu de l’automne quand la bise fut venue…

« Des années passèrent sans que rien interrompît la vie paisible que menaient l’homme et la bête, singuliers Robinsons d’un des quartiers les plus animés de Paris.

« De temps à autre, pour donner un peu d’exercice à Cocotte, le cocher priait un passant de monter dans la voiture afin de pénétrer dans la cour du Havre. Là, le hongre trottait un peu, sans que Roudiol perdit de vue la sortie de la gare. Et, avant de se coucher, de sa grosse écriture appliquée, il inscrivait chaque soir quel-