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il se mit en route et s’éloigna de son village natal où il n’était point entré. Il marcha et, lorsqu’il eut gravi la petite côte qui se dirige vers l’ouest, il s’arrêta, se tourna et contempla les ruines qui lui avaient paru si prospères. Il en aperçut toute la tristesse, toute l’horreur. Il ne vit plus les routes neuves, ni les baraquements, ni le petit chemin de fer. L’église était sans toit et sans clocher, l’usine sans cheminée ; du château et des maisons, il ne restait que des pans de murs. Il regarda tout cela longtemps, son cœur se serra et il se mit à pleurer.

Voilà le tableau tel qu’il m’a été décrit par A… D… ; mais je ne peux rendre l’accent extraordinairement passionné avec lequel il me parla de cette transfiguration merveilleuse.

J’ai vu le dessin miraculeux, il est d’une beauté touchante, mais il faudrait que tout le monde eût en France la vision nette de l’avenir, comme l’eut le peintre A… D… devant les ruines de son village natal. Il faudrait que dans tous les esprits