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des gourbis, et sur l’un d’eux, A… D… reconnaît, avec un plaisir ému, la porte, la jolie porte de sa maison natale.

Et le voilà installé, il ouvre son carnet et dessine fiévreusement, avec joie. L’inspiration l’anime, jamais aucune ruine ne l’a transporté à ce point. Il ne se borne point à tracer un croquis. Il achève son dessin. Il n’a de cesse qu’il soit complet. Tout y est. Voici à droite le cimetière grand comme celui d’une petite ville. À gauche ce sont les baraquements qui paraissent continuer le village qui ainsi se développe à l’ouest, ce qui est une loi urbaine bien reconnue. Voici encore le bivouac à flanc de coteau et plusieurs larges routes qui se croisent sur la grande place où n’aboutissaient autrefois que des chemins mal entretenus et des sentiers bordés de murs et de haies vives.

Et, le dessin achevé, A… D… contemple son ouvrage avec étonnement.

Est-ce bien son village ruiné qu’il a dessiné ?

Oui, pas de doute. Tout est rendu avec