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lement. Et des soldats de son régiment, ses concitoyens, écrivent à sa veuve des détails précis. Le capitaine X… a été tué alors qu’il montait à l’assaut en tête de sa compagnie et son corps, resté suspendu aux fils de fer et très visible, a fait l’objet de maints combats, mais en vain, car on n’a pu le reprendre. (Notons qu’en Champagne l’on a aussi montré ce corps habité par les rats et garnissant un cheval de frise sur le billard (c’est-à-dire l’espace entre les premières lignes adverses) ou du moins un corps qui passe pour être celui du capitaine X… au permissionnaire…)

À quelque temps de là, la veuve reçoit d’Allemagne une lettre venue par des voies neutres… Il est dit dans la lettre qui venait du vénérable d’une loge allemande :

« Votre mari n’est pas mort, mais seulement blessé. Il est en ce moment bien soigné… Surtout ne parlez de cette lettre à âme qui vive, sans quoi vous ne reverriez jamais votre mari. »

Le Permissionnaire entendit aussi racon-