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on nous le fit apprendre par cœur à l’école.

l’europe

« Nations, je vous offre et l’ordre et la beauté
Des ruines qui ont la grâce des jeunes filles
Et mes fleuves semblables aux vers des grands poètes
Et tous mes esclavages, toutes mes royautés,
Tous mes dieux charmants qui sont ma foi, qui sont mon art,
Tous ces peuples querelleurs et des fleurs odorantes.
Ô vieilles maisons, nourrices du progrès,
Carrefours où les âges choisirent leur route et s’en allèrent,
Patries, Patries, Patries dont les drapeaux me vêtent,
Fantômes, ô forêt du génie où chaque arbre est un nom d’homme,
Ô Forêt qui marches à reculons sans que tu t’éloignes
Je suis tous les fantômes, tous les ombrages,
Les patries, les villes, les champs de bataille
Amérique, ô ma fille et celle de Colomb. »

l’amérique

« Hommes qui souffrez, ô femmes qui aimez, et vous, enfants, venez
Puiser l’eau du second baptême
Dans le petit lac bleu où le Mississipi puise son onde
Je suis l’espoir aux grands espaces et l’avenir sans souvenirs.
Parmi les troupes de chevaux sauvages issus des chevaux d’Europe,
Gambadent les troupeaux de jeunes pensées issues de pensées d’Europe