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à qui tant de zèle pour la polygamie plaisait fort, avait scellé ces unions.

« Ensuite, on avait vu, à chaque arrivée d’émigrantes, Lubel Perciman prendre une nouvelle épouse. Elles vivaient dans le luxe, ayant chacune leur chambre, et l’on disait à Salt Lake City que leur mari avait fait bâtir une maison assez grande pour qu’il y pût loger soixante-dix femmes ; mais l’on exagérait, il n’y aurait eu de place que pour vingt-huit épouses.

« Lubel Perciman en avait quatorze ; toutes étaient jeunes et gracieuses. Elles formaient un parterre où se mêlaient les fleurs de plusieurs climats. Cinq étaient Anglaises, deux étaient nées dans l’Illinois, une en Pensylvanie, une autre dans le Massachusets, il y avait deux Danoises, une Irlandaise, une Russe, une Allemande et une Hollandaise.

« Elles étaient toujours vêtues avec luxe, et, autant qu’il était possible, à la mode de Paris. Chaque courrier apportait des journaux de modes, des robes, des chapeaux, des rubans, des pièces d’étoffe,