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Plein d ’idées tcutes neuves et saisissantes dont l’affabulation philosophique n’a d ’ana’ogue dans aucune littérature, L’Enchanteur Pourrissant de Guillaume Apollinaire, est un des livres les plus m ystérieux et les plus lyriques d e la nouvelle gé né r ation littéraire. Cette oeuvre, dont les racines s’étendent très loin, jusqu’aux profondeurs celtiques de nos traditions, a trouvé dams A ndré Derain s o n illustrate ur.

Le plus précis réformateur de l’esthétique plastique a gravé sur le bois des images, des lettrines et des ornements qui font de ce livre une p u re merveille artistique.

Intimement liée a l’invention d e l’imprimerie, l a g r av u re sur bois est celle dont le style se marie le plus heureusement à. l’aspect d’un feuillet imprimé, mais sa tradition typographique s’est vite perdue pour se confondre en quelque sorte, depuis le dix-neuvième siècle, avec celle de la gravure sur métal.

Rappelons que le premier ouvrage imprimé en caractères mobiles et illustré de gravures sur bois était intitulé : L ettres d’Indulgences et date de 1454.

O n connaît peu de livres où l’accord des génies de l’auteur et de l’artiste apparaisse mieux que dans L’Enchanteur Pourrissant. C ette harmonie, qui a fait en grande partie le prix de la fameuse édition aldine du Songe de P oliphile , les bibliophiles n’ont pu la constater que trop rarement.

Le goût des belles éditions paraît revenir. L ’éditeur bibliophile, Henry Kahnweiler offre aujourd’hui aux amateurs d ’art et de lettres un livre, qui réunit a l’attrait littéraire et artistique celui d ’u n e typographie que l’on s’est efforcé de rendre irréprochable.