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HISTOIRE DE Mlle BRION

troupe. Ce contraste me fit beaucoup rire ; c’était un tableau de la vie conjugale, où l’amour trouve toujours le secret de friponner l’hymen.

Relevée de mes couches, je me produisis souvent aux spectacles ; je parus fréquemment aux promenades, manœuvre qui annonce toujours une fille qui cherche à se faire entretenir. M. B… colonel, devina le premier mon dessein : il me proposa de vivre avec moi. Ses parchemins n’étaient pas si anciens que ceux du marquis, mais il passait pour jouir de plus de fortune : libéral, mais sans conduite, devant plus qu’il ne possédait ; gros joueur, aimant passionnément les femmes et la dépense ; en un mot, colonel de toutes les façons. Les offres qu’il me fit tenaient de sa générosité, mais son