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Je lisais sur leurs figures que, pour peu que je voulusse me livrer et être folle à mon ordinaire, ils passeraient une partie de la nuit ; c’était justement ce que je craignais et ce qui m’avait fait prendre le parti de bouder. Mon caprice les ennuya : ils me quittèrent bientôt pour aller trouver quelque fille qui fût plus disposée à les amuser et à rire. C’était ce que je demandais. Ils ne furent pas plutôt sortis que je courus délivrer mon cher prisonnier. Nous nous mîmes à table avec Manon, qui nous fit beaucoup rire en nous faisant part de tous les stratagèmes qu’elle avait imaginés pour les faire sortir s’ils avaient voulu s’entêter à passer la nuit chez moi. Ses ressources étaient inépuisables, elle fit presque seule tous les frais de la conversation. M. de