Page:Apollinaire - Calligrammes.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Nous reprendrons les villes les fleuves les collines
De la frontière helvétique aux frontières bataves
            Entre toi et nous Italie
        Il y a des patelins pleins de femmes
        Et près de toi m’attend celle que j’adore
            Ô Frères d’Italie

        Ondes nuages délétères
Métalliques débris qui vous rouillez partout
Ô frères d’Italie vos plumes sur la tête
                    Italie
Entends crier Louvain vois Reims tordre ses bras
Et ce soldat blessé toujours debout Arras

Et maintenant chantons ceux qui sont morts
            Ceux qui vivent
        Les officiers les soldats

Les flingots Rosalie le canon la fusée l’hélice la pelle les chevaux

        Chantons les bagues pâles les casques
        Chantons ceux qui sont morts
        Chantons la terre qui bâille d’ennui
        Chantons et rigolons
        Durant des années
                    Italie
        Entends braire l’âne boche