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Pourtant c’est aussi beau que si la vie même sortait des mourants


Mais ce serait plus beau encore s’il y en avait plus encore

Cependant je les regarde comme une beauté qui s’offre et s’évanouit aussitôt

Il me semble assister à un grand festin éclairé à giorno
C’est un banquet que s’offre la terre
Elle a faim et ouvre de longues bouches pâles

La terre a faim et voici son festin de Balthasar cannibale


Qui aurait dit qu’on pût être à ce point anthropophage
Et qu’il fallût tant de feu pour rôtir le corps humain

C’est pourquoi l’air a un petit goût empyreumatique qui n’est ma foi pas désagréable

Mais le festin serait plus beau encore si le ciel y mangeait avec la terre

il n’avale que les âmes
Ce qui est une façon de ne pas se nourrir
Et se contente de jongler avec des feux versicolores

Mais j’ai coulé dans la douceur de cette guerre avec toute ma compagnie au long des longs boyaux