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MERVEILLE DE LA GUERRE


Que c’est beau ces fusées qui illuminent la nuit

Elles montent sur leur propre cime et se penchent pour regarder

Ce sont des dames qui dansent avec leurs regards pour yeux bras et cœurs


J’ai reconnu ton sourire et ta vivacité

C’est aussi l’apothéose quotidienne de toutes mes Bérénices dont les chevelures sont devenues des comètes

Ces danseuses surdorées appartiennent à tous les temps et à toutes les races

Elles accouchent brusquement d’enfants qui n’ont que le temps de mourir


Comme c’est beau toutes ces fusées
Mais ce serait bien plus beau s’il y en avait plus encore

S’il y en avait des millions qui auraient un sens complet et relatif comme les lettres d’un livre