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Je prends la mesure angulaire
Du cœur à l’âme et l’horizon

C’est le galop des souvenances
Parmi les lilas des beaux yeux
Et les canons des indolences
Tirent mes songes vers les cieux

III


Ton amour ma chérie m’a fait presqu’infini
Sans cesse tu épuises mon esprit et mon cœur
Et me rends faible comme une femme
Puis comme la source emplit la fontaine
Ton amour m’emplit de nouveau
De tendre amour d’ardeur et de force infinie

IV


C’était un temps béni nous étions sur les plages
— Va-t’en de bon matin pieds nus et sans chapeau —
Et vite comme va la langue d’un crapaud
Se décollaient soudain et collaient les collages

Dis l’as-tu vu Gui au galop
Du temps qu’il était militaire
Dis l’as-tu vu Gui au galop
Du temps qu’il était artiflot
À la guerre

C’était un temps béni le temps du vaguemestre
— On est bien [plus] serré que dans un autobus —
Et des astres passaient que singeaient les obus
Quand dans la nuit survint la batterie équestre

Dis l’as-tu vu Gui au galop
Du temps qu’il était militaire
Dis l’as-tu vu Gui au galop
Du temps qu’il était artiflot
À la guerre