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Un pont d’osier et de roseaux un autre un autre
Une grenouille saute
Y a-t-il encore des petites filles qui sautent à la corde
Ah ! petites filles Y a-t-il encore des petites filles
Le soleil caressait les mousses délicates
Un lièvre courageux levait le derrière
Ah ! petites et grandes filles
Il vaut mieux être cocu qu’aveugle
Au moins on voit ses confrères
Enfermons-nous ensemble en mon âme
Ô mon amour chéri qui portes un masque aveugle
Une petite fille nue t’en souviens-tu
T’en souviens-tu
Étouffait une colombe blanche sur sa poitrine
Et me regardait d’un air innocent
Tandis que palpitait sa victime
Soldat Te souviens-tu du soir Tu étais au théâtre
Dans la loge d’un ambassadeur
Et cette jeune femme pâle et glorieuse
Te branla pendant le spectacle
Dis-moi soldat dis-moi t’en souviens-tu
Te souviens-tu du jour où l’on te demanda la schlague
Devant la mer furieuse
Dis-moi Guillaume dis-moi t’en souviens-tu
Après les ponts le sentier Attention à la branche
Brisée
Ah ! brise-toi mon cœur comme une trahison
Et voilà la Branche brisée
Un carré de papier blanc sur un buisson à droite
Où est le carré de papier blanc
Et me voici devant une cabane
Que précède un luxe florissant
De tulipes et de narcisses
À droite canonnier et suivez le sentier
Enfin je ne suis plus égaré
Plus égaré
Plus égaré
Tu peux faire mon Lou tout ce que tu voudras
Tu ne me mettras plus mon Lou dans l’embarras

Une baïonnette dont ne sait si elle est boche française ou anglaise sert de tisonnier