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Tes pieds tes pieds d’or touffes de mimosas
Lampes au bout du chemin fatigues des soldats
Allons c’est moi ouvre la porte je suis de retour enfin
— C’est toi assieds-toi entre l’ombre et la tristesse
Je suis couvert de boue et tremble de détresse
Je pensais à tes pieds d’or pâle comme à des fleurs
— Touche-les ils sont froids comme quelqu’un qui meurt


Les lilas de tes cheveux qui annoncent le printemps
Ce sont les sanglots et les cris que jettent les mourants
Le vent passe au travers doux comme nos baisers
Le printemps reviendra les lilas vont passer


Ta voix, ta voix fleurit comme les tubéreuses
Elle enivre la vie ô voix ô voix chérie
Ordonne ordonne au temps de passer bien plus vite
Le bouquet de ton corps est le bonheur du temps
Et les fleurs de l’espoir enguirlandent tes tempes
Les douleurs en passant près de toi se métamorphosent

— Écroulements de flammes morts frileuses hématidroses —



En une gerbe où fleurit La Merveilleuse Rose


Tarascon, 24 janvier 1915.