Page:Apollinaire - Œuvres poétiques (extraits Poèmes à Lou), 1959.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
*

Tu me demandes trop d’aimer sans être aimé
Tu me demande trop peut-être
Disait en souriant le doux soleil de mai
À la belle fenêtre
Tu veux que chaque jour
Les longs rayons de mon amour
T’illuminent mon cœur ainsi qu’une caresse
Et toi toi que me donnes-tu
Turlututu
Dit la fenêtre
Écoute-moi soleil mon maître
Je ne suis belle que par toi
J’existe par ta lumière
À part l’obscurité de la chambre ma foi
Je ne possède rien de rien pénètre-moi
Et tout à coup je deviens belle et je suis claire

Ainsi ma tendre Lou parlèrent le Soleil
Et l’ombreuse fenêtre
Soudain ce fut la nuit Il vint à disparaître
Elle mourut aussi dans un obscur sommeil
Comme un Phénix Il renaquit toujours pareil
Et son amant La vit renaître

À cette fable il ne faut pas
Chercher une morale

J’entends du bruit ce sont les rats qui pas à pas
Tournent autour de ma cabane en la nuit pâle
Tournent en rond
Et je te baise
Sur ton beau sein fait d’une rose et d’une fraise
Et tu me baises sur le FRONT