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LI


Silence bombardé par les froides étoiles
Ô mon amour tacite et noir
Lamente-toi puis soudain éclate en sanglots
Là-bas voici les blanches voiles
Des projecteurs jetés aux horizons d’espoir
Où la terre est creusée ainsi que sont les flots

*

. . . . . . . . . . . . . . . .


Adieu la nuit
Tous les oiseaux du monde
Ont fait leur nid
Et chante à la ronde

. . . . . . . . . . . . . . . .



*

Ptit Lou je connais bien malgré tout ta douceur
En suivant le Printemps tous les jours sur la route
En me baignant le front dans cette ombreuse odeur
Qui me vient des jardins où je te revois toute
Ainsi je gagnerai le grand cœur embaumé
De l’univers tiède et doux comme ta bouche
Et son tendre visage au bout de la mi-mai
S’offre à moi tout à coup langoureux sur sa couche
De pétales d’iris de grappes de lilas
Ptit Lou d’Amour je sens à mon cou tes bras roses
Cette île de corail qui sort de tes yeux las
Et que sur l’océan de l’Amour tu disposes