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ANDRÉ JOUSSAIN


Le firmament s’ouvrait aux joyeuses chimères.
Le rire de son seuil balayait les ennuis.
L’homme immortel raillait les ombres éphémères,
Lui qui voit maintenant, dans sa détresse amère,
Sur ses jours fugitifs l’éternité des nuits !

Où vont ces feux peuplant l’ombre démesurée ?
L’homme n’y place plus ses destins immortels.
La science a noirci leur demeure azurée.
Nul ne fait plus monter à travers l’empyrée
La prière de l’âme et l’encens des autels.

Rien ne vient plus troubler leur vague léthargie.
Et mornes voyageurs des lieux inhabités,
En voyant devant eux leur carrière élargie,
Peut-être ont-ils aussi l’immense nostalgie
De l’avenir obscur et des cieux désertés !


L’EPOPEE TERRESTRE
la flore
Fragment


… Ainsi se dérobaient les jours après les jours.
Les simouns balayaient les déserts tour à tour ;
Les mers, tièdes encor, lavaient les rocs superbes ;
Les brises frissonnaient sur le sommet des herbes ;
Et l’espace écoutait, berçant son long ennui,
Dans la splendeur des jours ou dans l’horreur des nuits,
Troublant de sa rumeur l’universel mystère,
Haleter le labeur énorme de la Terre.