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ANDRÉ JOUSSAIN

Vous n’étoufferez pas ma puissante pensée.
Régner sur les esprits est mon splendide espoir.
Ma force et mon ardeur, jusqu’à mon dernier soir,
Jailliront de mon cœur sans regret dépensées.


SUR LA MONTAGNE


Sous l’abri des forêts planent tes songes. Vois,
Tandis que flotte au loin l’or vibrant des poussières,
Les arbres déchirer le manteau de lumière
Que le soleil fuyant traîne à travers les bois.

L’étoile du berger que la nuit accompagne,
Gomme une goutte d’or jaillissant dans l’air bleu,
Regarde en souriant briller d’un dernier feu
Le casque des forêts sur le front des montagnes.

Au ciel rouge, le soir lentement survenu
Déroule la splendeur de ses métamorphoses.
L’homme, rêveur, s’accoude au puits béant des choses,
Et s’étonne, muet, au bord de l’inconnu.

Les plaines à tes pieds, songe au peu que nous somme ;
Contre ces monts, le bruit du monde s’est brisé.
L’ombre du soir descend dans ton cœur apaisé.
Que t’importe à présent l’injustice des hommes ?