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Scène XI

Sortent aussi l’huissier, le conseiller et Horpyna.
Le conseiller

Qu’avez-vous à parler là si longtemps ?

L’huissier

De quoi — si j’ose m’exprimer ainsi — votre conversation traite-t-elle ?

Horpyna, apercevant Pétro.

Ah ! Mon Dieu !

Natalie

Pourquoi vous effrayer, maman ? C’est Pétro,

Horpyna

Pétro ! Dieu trois fois saint ! D’où est-il sorti ? C’est un revenant…

Pétro

Il n’y a pas de revenant qui tienne, c’est moi, Pétro, en chair et en os.

L’huissier

Qu’est-ce que ce Pétro ?

Le conseiller

C’est probablement cet homme dont je vous ai parlé, l’amoureux de Natalie, ce vagabond, ce coquin.

L’huissier

Ah ! Ah ! Monsieur Pétro ? Ne serait-ce pas possible — si j’ose m’exprimer ainsi — qu’il s’en retourne par le même chemin qu’il est venu ? Car il semble, il paraît, il appert qu’il est de trop ici,

Natalie

Pourquoi serait-il de trop ?

Horpyna

Évidemment de trop : on n’arrive pas comme un chien dans un jeu de quilles !

Pétro

Je ne veux vous déranger en rien. Terminez de par Dieu ce que vous avez commencé.

Natalie

Ça ne sera pas si facile de terminer ce qu’ils ont commencé.

L’huissier

Pouvez-vous nous en fournir un motif plausible ?

Natalie

Par cette simple raison que si Pétro est revenu, je ne veux plus être votre femme.

L’huissier

Certes, madame. Mais, je vous prie, cette dation des essuie-mains n’est-elle pas le témoin — si j’ose m’exprimer ainsi — que vous m’avez épousé ?

Natalie

Que je vous ai épousé, il s’en faut de beaucoup ! Les essuie-mains ne signifient rien.

L’huissier

Ne m’en veuilles pas, la vieille, si je dois sévir. Mais ta fille — si j’ose m’exprimer ainsi — porte le trouble dans l’ordre établi par la loi. Attendu que les essuie-mains et les mou-

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