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Trois malheurs m’ont rencontré dans le champ,
Le premier de n’avoir pas de pain, le second de n’avoir pas d’eau,
Le troisième de n’avoir pas rattrapé mes frères. »

Un vent de tempête se met à souffler,
Il fait presque tomber le malheureux cosaque.
Et le plus jeune frère se couche sur le tombeau…
Sa tête se penche sur sa poitrine,

Là, au milieu des dangers, il va pouvoir se reposer après neuf jours de marche.

Au neuvième jour il attend encore l’eau du ciel…
Il n’y avait pas longtemps qu’il se reposait,
Que les loups gris s’approchèrent de lui,
Les aigles aux ailes grises planaient autour de lui,
Ils se posaient auprès de sa tête et touchaient ses cheveux,
Regardant fixement dans les yeux du cosaque…
Ils attendaient sa mort et voulaient être à temps,
Pour célébrer les obscures obsèques de cette vie.
Le jeune frère, le pauvre piéton, ayant compris cela,
Leur dit ces mots :
« Ô, mes loups gris, mes aigles argentés,
Visiteurs peu désirés et peu aimables,
Pour si peu que ce soit, attendez un peu,
Que mon âme de cosaque se sépare de mon corps.
Alors vous retirerez mes yeux noirs de ma tête.
Dès que je ne verrai plus la lumière de Dieu,
Vous arracherez ma chair blanche de mes os jaunes
Et me recouvrirez de joncs. »

Il se rappelle la prière de son père et de sa mère,
Il baisse la tête et rend à Dieu son âme.
Ce n’est pas un nuage noir qui s’approche,
Ce ne sont pas les vents qui soufflent en tempête,
C’est la jeune âme du cosaque
Qui se sépare de son corps.

Alors les coucous gris arrivèrent à tire-d’aile et se posèrent près de sa tête,

Pleurant comme ses propres sœurs.
Les aigles aux ailes noires s’approchèrent,
Se placèrent sur ses cheveux
Et retirèrent ses yeux noirs de sa tête.
Les loups gris aussi s’approchèrent,
Arrachèrent sa chair blanche de ses os jaunes

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